jeudi 27 décembre 2007

Le coup de la panne........

Je me doutais qu'il allait me le faire, mais là c'était vraiment la totale....
Je vous fais le résumé de mes trajets pour voyager de Gao à Tessalit et le retour à Gao.
Nous sommes partis le mercredi 12 décembre pour Kidal. Normalement, ce voyage de 350 km prend entre 6 et 7 heures si tout se passe à peu près normalement.....ce jour-là, nous patîmes à 7 h du matin pour rentrer à Kidal vers 22 h!
Jusqu'à Anéfis, 115 km de Kidal, tout allait bien, la voiture roulait normalement.
Nous nous sommes arrêtés à Anéfis à midi pour manger, c'est après avoir repris la route que les choses se sont gâtées.
A la sortie d'Anéfis la roue arrière gauche se bloqua, manquant de peu de provoquer un tonneau. Le diagnostic : absence totale d'huile dans le pont arrière!
Après avoir mis quelques litres d'huile moteur dans le pont nous repartîmes mais la voiture faisait un bruit impressionnant. Le trajet jusqu'à Kidal prit une dizaine d'heures avec 4 arrêts techniques pour faire en sorte que le voiture continue à rouler malgré certaines péripéties telles que la perte de l'arbre de transmission.....
A 5 kilomètres de Kidal, une quinzaine d'ânes décidèrent de nous escorter jusqu'à la capitale de région, fou rire général dans la voiture.
Le lendemain Intéhénit effectua les réparations à Kidal et le vendredi départ pour Tessalit (250 km). Tout se passa bien jusqu'à 35 km de Tessalit et là, la panne qui ne doit jamais arriver : panne de gazoil.
Il est 14h30, Intéhénit me dit "C'est pas grave quelqu'un va passer tout de suite!", vers 18h30, Tiber vient à notre secours depuis Tessalit avec 20 litres de gazoil..........
Pour le retour rien de grave, une petite fuite au radiateur, donc quelques arrêts techniques pour le remplir et éviter une surchauffe du moteur.
Et puis, vers 2 h du matin, un chameau capricieux est à deux doigts de finir sur le capot et sur nos genoux mais finalement plus de peur que de mal.
Vous voyez, je vous avais dit avant de partir que le vieux 4x4 de Watt nous conduirait à Tessalit et nous ramènerait à Gao et bien il l'a fait!!!
Mais quand même, heureusement que les Tamasheq sont des magiciens de la mécanique.



Intéhénit à la recherche d'une solution lors de la panne de gazoil.........

vendredi 7 décembre 2007

Watt

Watt, c'est le surnom de mon ami Intéhénit Ag Souébag, je sais pas, c'est peut-être lié au fait qu'il va toujours à 100 à l'heure, chose un peu inhabituelle chez les Kel Tamasheq!
Intéhénit est le premier adjoint au maire de Tessalit, depuis notre première rencontre en 2003 nous nous sommes liés d'une amitié profonde.
C'est lui qui signa, en novembre 2005, le protocole d'amitié qui lie désormais Tessalit et Saint Jean de Maurienne par un jumelage.
Pour l'occasion, il nous avait rendu visite à la tête d'une délégation d'élus de Tessalit, je garde un souvenir impérissable d'une bataille de boules de neiges avec lui en pleine rue à St Jean.
Je suis heureux parce que dans 4 jours je l'aurai rejoint à Gao et il m'emmènera à Tessalit dans son carrosse (photo ci-dessous).
Bon, je vous l'accorde, son 2H Toyota n'est pas de la première jeunesse. Bien sûr, le vieux 4 cylindres bouffe un peu d'huile, bien sûr, les lames de ressorts sont attachées avec des cordes mais je ne doute pas une seconde qu'il nous conduira à Tessalit sans encombres.
Je crois que le plus dangereux ce n'est pas le véhicule....................le chauffeur, lui, a acheté son permis à un fonctionnaire dont les fins de mois devaient être un peu difficiles mais globalement il maîtrise bien, même si les freinages sont parfois délicats.
Voilà, vous l'aurez donc compris, je décolle lundi de Marseille, mardi je serai à Gao et je l'espère jeudi ou vendredi à Tessalit.
Alors, pas de messages pendant 15 jours mais c'est promis, je reviens avec comme cadeau de Noël, plein de nouvelles photos et de nouvelles histoires.



dimanche 2 décembre 2007

Un goût d'Irlande!!

C'est ce que je me suis dit la première fois que j'ai eu à admirer un paysage tel que ceux que vous verrez sur les photos ci-dessous.
Dans cette partie du Sahara, la nature semble tellement aride que des pousses jaillissent sitôt les premières gouttes tombées.
Il suffit de 2 ou 3 jours pour remplacer un paysage de sable jaune en un écrin de verdure.....c'est complètement surréaliste! C'est incroyable et je dois dire que c'est un moment de joie intense!
Il faut bien comprendre que le temps à attendre la pluie est long et que les enjeux sont considérables puiqu'il s'agit ni plus ni moins que de vie ou de mort pour les animaux.
Nos échelles de temps ne sont pas comparables : ne demandez pas à un berger de faire des projets à 5 ou 10 ans!
Lui, ce qui l'intéresse, ce sont les quelques jours qui arrivent car il sait que sa vie et celle de sa famille, il les remet en jeu tous les jours!
Les pâturages que vous verrez ci-dessous permettront aux animaux de vivre une année.
Du moins si la saison des pluies futures n'arrive pas trop tard.
Pendant ce temps les éleveurs et leurs familles pourront, quelques mois, se nourrir de leur lait.
AMAN IMAN, AGH ISUDAR
(L'eau c'est la vie, le lait c'est la nourriture)




samedi 1 décembre 2007

Les enfants.....................

Je n'ai pas envie d'écrire un long texte sur le sujet des enfants. Je pense que les photos qui suivent et celles que j'ajouterai encore dans d'autres billets parlent d'elles-mêmes.
La seule chose que je veux dire et qui m'a marqué au plus profond, c'est la beauté de leur sourire, la beauté de leur bonheur. Alors même que leurs conditions de vie sont difficiles, alors que l'accès à la santé, à l'éducation, etc.. sont extrêment complexes, ces enfants respirent le bonheur et la joie de vivre.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces sentiments sont très très communicatifs!
Photo Gaëlle Le Brec

Photo Gaëlle Le Brec


Photo Gaëlle Le Brec




Photo Gaëlle Le Brec



Photo Rabah Adjoudj


jeudi 29 novembre 2007

Tessalit : camping sauvage autorisé!

Commune rurale de Tessalit, 30 000 km², installés-vous où vous voulez!
Il me semble qu'il me faut évoquer maintenant l'habitat des Touareg. Les Tamasheq sont des nomades, ils se déplacent constamment avec leurs animaux à la recherche de pâturages et de points d'eau.
Dans cette quête perpétuelle de la vie, il faut pouvoir se déplacer facilement, rapidement. Il faut pouvoir emmener sa maison avec soi et dans ces conditions, il vaut mieux qu'elle soit légère.
Les tentes que vous verrez ci-dessous sont de deux types : il y a des tentes en peaux de chèvres pour la saison des pluies (pour l'hivernage) et les tentes en toile pour la saison sèche.
Cette tente accueille toute la famille, toute l'année, pour causer, partager les trois verres, se protéger du soleil, dormir éventuellement.
Chaque chose a sa place pour permettre à tout le monde de vivre dans cet espace restreint.



Un tente comme celles ci-dessus peut être composées de 20 à 60 peaux de chèvres et parfois même plus.

lundi 26 novembre 2007

La Route Nationale 19 : la trans-saharienne

La trans-saharienne est une route nationale. Sur sa partie malienne, entre Tessalit et Gao, elle s'appelle la route nationale 19....
Bien sûr, on peut critiquer la qualité du bitume comme vous allez le voir sur les photos qui suivent; bien sûr, les chauffeurs de 40 tonnes maudissent les bancs de sable du "Marcouba" dans lesquels ils s'enlisent des journées entières; bien sûr, de temps en temps, il vaut mieux la quitter pour éviter de s'ensabler....
Mais tant bien que mal, en la suivant, vous aurez de bonnes chances de rejoindre votre destination.
Le goudronnage de cette route est une des principales revendications des Kel Adagh depuis de nombreuses années et quiconque a emprunté la RN 19 pendant la saison des pluies ne peut que soutenir cette revendication.
L'année dernière, au mois de septembre, j'ai emprunté cette route en direction de Gao.
Nous étions 9 dans NOOT (c'était le nom de mon 4x4 que je vous présenterai un de ces jours) et comme à chaque fois, nous savions quand nous partions mais ignorions tout de notre date d'arrivée. Ce voyage dura une trentaine d'heures (alors qu'en temps "normal" c'est entre 10 et 12 heures).
A 250 km de Gao, la tempête de sable qui s'abatit sur nous était annonciatrice comme souvent de la pluie qui la chassait. Une vingtaine de kilomètres dans le sable à ne pas voir à plus de 10 mètres devant soi et puis la pluie.........
NOOT en position 4x4, boite courte et à 20 km/h il fallut essayer de se frayer un chemin.
Heureusement, de vrais Tamasheqs m'accompagnaient et savaient où passer pour éviter de se faire prendre par ce sable qui, une fois mouillé, se transforme en glue.
A 18 heures passées nous étions encore à 150 km de Gao, il fallait donc s'arrêter et se reposer avant de reprendre la route le matin avec la levée du soleil.
Tiber, un de mes proches amis de Tessalit avait toujours l'habitude de me dire, qu'il ne faut jamais négliger les réserves d'eau quand on prend la route, parce qu'on sait quand on part, mais jamais quand on arrivera, alors s'il est une chose indispensable, c'est bien l'eau.......
Et oui, encore une fois : AMAN IMAN!!!

Les virages dangereux sont bien indiqués......pas toujours dans le bon sens, mais en tout cas, on sait qu'il y a danger!!
Photo Rabah Adjoudj

Photo Rabah Adjoudj

Photo Rabah Adjoudj

Le plus dur avec ces bornes kilométriques c'est de les repérer, la RN 19 fait souvent plusieurs centaines de mètres de large, chaque chauffeur pouvant au gré de ses humeurs ou de déviations imposées par un chameau ou un troupeau de chèvres, créer une nouvelle piste que d'autres suivront.

dimanche 18 novembre 2007

Waytane Ag Attayoub.............un homme bleu


Je ne pouvais décemment pas continuer ce blog, sans enfin évoquer ceux qui me l'inspirent, ceux qui en sont la raison, ceux qui m'ont fait tomber définitivement amoureux du Sahara, il y a bientôt 5 ans, "les hommes bleus" comme on appelle les habitants de cette immensité désertique.

Pourquoi les hommes bleus? Parce qu'ils portent le plus souvent des deux pièces bleus et que le turban qui enveloppe leur tête (auquel je conscrerai un post plus tard) est dans la plupart des cas teinté d'ingigo, cette teinture bleue qui se dépose au fil de la journée sur votre peau et vous transforme véritablement en homme bleu au sens propre.

Pour évoquer ces hommes, je me devais de commencer par celui qui m'est le plus proche, Monsieur Waytane Ag Attayoub.

Une explication tout d'abord sur le nom.

Chez les Kel Tamasheq, il n'y a pas de nom de famille comme chez nous. Un tamasheq s'appelle par son prénom suivi d'une particule qui veut dire "fils de" suivi du prénom de son père. Pour un homme, cette particule est "Ag", pour une femme c'est "Walet". Waytane est donc le "fils de" Attayoub il s'appelle Waytane Ag Attayoub, sa soeur Lokane "fille de" Attayoub s'appelle Lokane Walet Attayoub.

Quand je vivais à Tessalit et que j'envoyais des messages, j'avais l'habitude de les signer Vincent Ag François, voilà pour l'explication.

Cet homme est comme je vous l'ai dit dans un billet précédent, un colosse de plus d' 1m90 avec un coeur gros comme ça.

Notre première rencontre eut lieu à St Jean quand il nous rendit visite en 2002 avec Abdallah Ag Albaka, maire de Tessalit.

Il fut un combattant de la rebellion des années 1990, cette rebellion dont nous reparlerons tant elle est importante dans l'histoire des Kel Adagh.

Depuis, il est devenu élu de la commune de Boghessa, située à 250 km au nord de Kidal où il vit aujourd'hui.

Un jour, l'année dernière, Waytane m'a dit quelque chose qui m'a profondément marqué, d'autant que j'avais entendu la même phrase dans la bouche du commandant Massoud après la prise de Kaboul par les moudjaidines à l'armée russe en Afganistan.

Nous parlions de la rebellion et de ses réveils (ou tentatives de réveil) incessants et Waytane m'a dit: "Nous, nous avons fait la rebellion la plus facile, celle avec les kalashnikov, nos enfants doivent en gagner une autre beaucoup plus difficile, celle dont la seule arme est le bic" (en afrique un stylo s'appelle un bic.....).

Waytane est un grand homme.

Il a compris que le développement de sa région ne se fera que par l'éducation et que les armes et la guerre ne feront que le retarder.

Alors il met en cohérence ses idées et ses actes, il accueille à Kidal les enfants du village de Boghessa pour qu'ils puissent étudier et il se débrouille comme il peut pour les nourrir et les loger.

Il recherche sans cesse des solutions pour soutenir des jeunes qui veulent étudier. C'est ainsi qu'il y a deux ans, il me parla de Kadia, une fille dont le père vivait à Bamako et la mère à Kidal et qui voulait suivre des études à la toute nouvelle école des infirmiers de Kidal.

Waytane recherchait des partenaires pour financer les études de cette fille. Nous avons trouvé une solution : aujourd'hui Kadia est major de sa promotion; elle sera bientôt une infirmière très utile dans cette région qui manque cruellement de professionnels de la santé; elle aura un métier lui permettant de vivre avec sa famille.

Voilà qui est Waytane Ag Attayoub, voilà pourquoi j'aime cet homme, voilà pourquoi je voulais lui consacrer un billet.

Sur la piste entre Kidal et Boghessa, nous faisons un feu pour prendre le premier verre de thé.



Sur cette même piste à midi, arrêt dans l'hôtel "5 étoiles" pour la pause déjeuner.


A Boghessa, en compagnie d'Abouneghia

mercredi 14 novembre 2007

Du sable bien sûr, mais aussi.......

Quelques pâturages qui nourriront les animaux quelques jours, pas longtemps bien sûr, mais quelques jours ici, quelques jours un peu plus loin, il faudra tenir en attendant que la pluie revienne éventuellement pour redonner la vie...........................
Au pied de cet amoncellement de blocs, le petit village de Boghessa. Situé à 250 km à l'est de Tessalit, ce village fut le théâtre de violents affrontements entre les rebelles touaregs et l'armée malienne au début des années 1990.
Ce village vit naître il y a déjà quelques temps celui qui est aujourd'hui mon meilleur ami dans cette région et à qui je consacrerai bientôt un billet. Je lui rendrai visite dans moins de 4 semaines, Monsieur Waytane Ag Attayoub, véritable colosse dont le coeur déborde d'amour et de générosité..........
A quelques kilomètres de là, un troupeau rassemblé autour d'un puits. Les animaux attendent patiemment leur tour, le berger restera ici plusieurs heures afin que les uns après les autres tous ses animaux puissent s'abreuver. Il ne reviendra certainement pas avant deux jours au moins, son campement est peut-être à 15 kilomètres ou plus. Les puits......les animaux.....la vie!

lundi 12 novembre 2007

Le chameau n'a qu'une bosse!!

En voici la preuve.................




Photo Gaëlle Le Brec
J'ai un peu honte d'avoir mis autant de temps avant de parler du véritable roi du désert, de l'animal le plus aimé, le plus respecté, le plus noble de cet immense espace à savoir le chameau (que nous nous obstinons à appeler dromadaire ici!!).
Le chameau est présent partout et tout le temps, il est d'abord l'animal le plus robuste et le plus autonome de ceux domestiqués par l'homme dans le désert.
Il résistera mieux que tout autre à la sécheresse.
Le chacal, qui fait tant de dégâts sur les chèvres et les moutons, ne s'attaquera pas à lui.
Le berger aura moins de travail pour son élevage car le chameau est capable de se nourrir et peut parcourir de grandes distances.
Cet animal a beaucoup de qualités, il fournit tout d'abord un lait que l'on peut déguster avec plaisir la saison venue, il est aussi capable de transporter de lourdres charges sur de longs kilomètres sans s'épuiser, il servira à tirer l'eau des puits enfin il sera magnifiquement paré pour que l'homme tamasheq puisse à l'occasion des Takoubelt parader et montrer sa force et sa fierté dans un jeu de séduction absolument fascinant.
Cet animal est partout, il est indispensable à la vie dans le désert, la vie d'un tamasheq n'est pas concevable sans cet animal, il est le maître des lieux.

jeudi 8 novembre 2007

Le petit Prince

Cette photo me fait immanquablement penser au "Petit Prince", cette photo a une histoire.

Mois de mars 2005, je me rends à Tessalit pour la 3ème fois, mon ami Bernard BRETEL m'accompagne.
Cette année c'est Abdallah Ag Albaka, maire de Tessalit, qui nous attend à Gao pour nous ramener à Tessalit.
Abdallah connait ce désert comme personne, la route avec lui c'est fabuleux, il y connait les moindres pistes et puis toutes les familles sur le chemin.
Nous nous arrêtons souvent pour prendre du thé et quelques dattes, et puis il repart à plus de 120 km/h sur ces pistes avant de s'arrêter à nouveau.
Nous sommes sur le chemin et tout à coup nous voyons cet enfant au bord de la piste, là, seule, debout au milieu de nulle part.
Aussi loin que peuvent porter nos yeux, pas de trace de vie, pas de campement, pas d'animaux et presque pas de végétation..............que fait cet enfant ici?
Le bolide d'Abdallah ralentit puis s'arrête non loin de cette petite fille, Abdallah en decend, elle s'approche, je descends également et sors mon appareil photo, ils se parlent en Tamsheq, je ne comprend pas....
Le maire recherche à l'arrière du pick-up, il ressort du cageot un paquet de pâtes et un morceau de viande qu'il donne à l'enfant, elle reste là, sans bouger à admirer ce cadeau, je fais une photo qui restera à jamais dans mon coeur.......
Pendant notre séjour, nous apprendrons que les criquets pélerins sont passés 4 fois en 2004 et qu'ils ont causé des dégâts considérables aux pâturages sur leur passage.
Les mois qui suivront n'arrangeront rien, la pluie ne venant pas, les bergers et leurs animaux souffriront terriblement et bientôt les bêtes mortes se compteront par dizaines.
Le comité des jumelages décidera alors de lancer un appel aux dons et une campagne d'affichage dans la ville de St Jean, cette photo servira de support à l'affiche, les dons s'élèveront à 7000€ environ, immédiatement reversés au comité malien qui pourra acheter des céréales, transporter de l'eau et ainsi sauver quelques troupeaux.
Quand je regarde cette photo, je comprends rétrospectivement ce que je n'avais pas compris sur l'instant, je regarde cette fillette tenant dans ses mains le repas de sa famille pour un jour ou deux et je me dis, quelle chance nous avons de vivre en France!

mercredi 7 novembre 2007

AMAN IMAN..................................parfois la vie est froide?

En 2007,comme tous les deux ans, dans le cadre de notre jumelage, nous avons reçu deux Kel Tessalit à Saint Jean de Maurienne.
C'est à chaque fois un honneur et un immense plaisir et puis, entre Kel Adagh, nous nous comprenons.
En 2005, Intéhénit Ag Souebag, Henri Mohamedine et Intiyas étaient venus au mois de novembre, il avaient trouvé le climat de nos montagnes un peu trop rigoureux....
Alors, en 2007, nous étions bien décidés à ne pas commettre la même erreur, c'était décidé, cette année, nos amis de Tessalit, nous allions les recevoir au mois de mai, au moins nous serions sûrs d'avoir une météo acceptable!
Rousmane Ag Assilaken et Ihiwane Ag Ekawel sont donc arrivés à St Jean en ce beau mois de mai 2007.
Afin de passer une bonne journée de partage et de rencontres, nous décidions d'organiser un méchoui dans mon chalet de montagne à Albiez, 1600 mètres d'altitude.
A cette occasion, un agneau pousserait son dernier souffle et Ihiwane nous préparerait les trois verres.
Journée inoubliable, une trentaine de personnes et que du bonheur dans l'air!
Tout ce petit monde parti, nous passerions avec Rousmane et Ihiwane une nuit supplémentaire à Albiez, le lendemain nous redescendrions dans la vallée.............
A 5h30 mes deux amis se levèrent pour la première prière et quand ils ouvrirent la porte, ils découvrirent ceci :




Et oui certaines fois, l'eau c'est vraiment froid, mais voir deux Kel Tamasheq les pieds dans la neige, ça fait vraiment très très chaud au coeur!

mardi 6 novembre 2007

AMAN IMAN (suite et pas fin........)

En partant de Tessalit vers le sud, sur la RN 19 qui conduit à Gao, il faut d'abord parcourir 80 km environ, et puis juste avant d'arriver à Aguel'Hoc, prendre une piste sur la gauche vers l'est, normalement vous pouvez pas vous tromper et si c'est le cas vous trouverez toujours un nomade pour vous indiquer le chemin.....(la nuit c'est plus facile, il vous dira quelle étoile suivre!).
Vous avez encore 18 km à parcourir en remontant l'oued de Marat magnifique, large et souvent verdoyant car bien arrosé par les pluies automnales.
Si vous avez oublié la viande en partant de Tessalit, ne vous inquiétez pas, vous trouverez des bergers tout à fait disposés à vous vendre une chèvre ou un bélier, bien sûr, la discussion sera peut-être longue, le prix vous paraîtra peut-être exhorbitant, mais vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous même et si vous voulez bien manger à midi il vous faudra finir par payer le prix......
La piste est terminée, garez votre voiture, déchargez tout le matériel, maintenant ce sont vos pieds qui vous conduiront.....
Surtout n'oubliez rien et tenez bien la chèvre, le mieux serait peut-être de la prendre sur vos épaules en tenant fermement ses pattes, allez 40 minutes de marche ce n'est pas la mer à boire......
Attention, fermez les yeux, encore un pas,................ ouvrez-les!!!!
Voici les gueltas!





Non, vous ne rêvez pas, vous êtes bien en plein Sahara et non pas face à un lac de montagne dans les Alpes!
Alors tant pis si vous avez oublié l'eau, elle est là, vous pourrez préparer la taguila (je vous expliquerai plus tard) et malheureusement pour elle, votre chèvre vit ses dernières minutes.....
Vous allez passer une journée inoubliable, simplement parce que, toute cette eau, venue de nulle part, a le pouvoir de vous rendre heureux.
Ces gueltas ne tarissent jamais, simplement en plein hiver, quand il fait seulement 25°, l'eau est un peu fraîche.....
Profitez-en, AMAN IMAN!

lundi 5 novembre 2007

AMAN IMAN : L'eau c'est la vie

Un puits rénové avec l'appui du comité des jumelages. L'endroit le plus précieux du désert, l'endroit de la vie.


De retour du puits l'âne est un animal extrêmement précieux pour le transport de l'eau. Les enfants qui sont très souvent en charge de ramener cette eau parcourront entre 5 et 20 kilomètres pour permettre à la famille et au troupeau de s'abreuver et donc de vivre.

La garba, véritable frigo du désert en peau de chèvre contenant jusqu'à 40 litres et plus.

Aman iman : l'eau c'est la vie.....

Si un jour vos pas vous conduisent dans cette merveilleuse région, vous entendrez beaucoup de gens vous citer cette phrase qui résonne comme un hymne chez les Tamasheq.

Vous entendrez également "Agh Isudar" et cette phrase sera l'objet d'un autre post.

Beaucoup vous diront également, pendant la saison des pluies, après un gros orage qui aura détruit plusieurs maisons dans un village : "Ce que l'eau détruit, elle le reconstruit!". Tout simplement parce que l'eau est tellement rare et tellement nécessaire que jamais elle ne peut être considérée comme une calamité même si elle vient de détruire votre toit.

Je suis arrivé à Tessalit en avril 2006, et la saison des pluies peut commencer à partir du mois de juin, seulement voilà, elle peut......

En 2006, la première pluie est tombée le 09 août, forte, intense, merveilleuse......

Moins de deux heures plus tard tout était fini et nous devrions attendre de nombreux jours avant de revoir une goutte d'eau, oui mais voilà, l'eau était tombée du ciel, tout le monde courait dans les rues pour voir si l'oued coulait, les enfants sautaient dans le ruisseau qui s'était formé et coupait le village en deux, tout le monde était heureux, nous étions rassurés, les animaux vivraient.

Certains me disent "Quand tu étais là-bas tu n'avais pas de stress!" et je réponds que non c'est vrai les journées s'écoulaient paisiblement sans donner d'importance à de petits tracas qui si souvent ici se transforment en des montagnes insurmontables.

Non il n'y avait pas de stress, mais comment décrire l'angoissante attente de la pluie qui ne vient pas.....? Je ne sais comment exprimer cela, comment vous faire comprendre ce que ressent un éleveur qui ne voit pas la pluie venir et qui se dit jour après jour que bientôt ses animaux, c'est à dire tout ce qu'il possède, mourront faute d'eau et de paturages.

Alors non, pas de stress, mais le sentiment d'appartenir à la nature et d'être à sa merci, le sentiment aussi pour moi que décidément la vie n'est pas toujours très juste et que ceux là même qui polluent certainement le moins notre planète sont les premiers à subir de plein fouet les effets du réchauffement climatique.

Lors de mes heures pessimistes, je me dis parfois que malheureusement un jour ces hommes devront quitter leur désert natal, car le jour ou les pluies ne viendront plus, alors plus de paturages et plus de vie..........

Puissions-nous faire en sorte que ce moment n'arrive jamais.