jeudi 8 novembre 2007

Le petit Prince

Cette photo me fait immanquablement penser au "Petit Prince", cette photo a une histoire.

Mois de mars 2005, je me rends à Tessalit pour la 3ème fois, mon ami Bernard BRETEL m'accompagne.
Cette année c'est Abdallah Ag Albaka, maire de Tessalit, qui nous attend à Gao pour nous ramener à Tessalit.
Abdallah connait ce désert comme personne, la route avec lui c'est fabuleux, il y connait les moindres pistes et puis toutes les familles sur le chemin.
Nous nous arrêtons souvent pour prendre du thé et quelques dattes, et puis il repart à plus de 120 km/h sur ces pistes avant de s'arrêter à nouveau.
Nous sommes sur le chemin et tout à coup nous voyons cet enfant au bord de la piste, là, seule, debout au milieu de nulle part.
Aussi loin que peuvent porter nos yeux, pas de trace de vie, pas de campement, pas d'animaux et presque pas de végétation..............que fait cet enfant ici?
Le bolide d'Abdallah ralentit puis s'arrête non loin de cette petite fille, Abdallah en decend, elle s'approche, je descends également et sors mon appareil photo, ils se parlent en Tamsheq, je ne comprend pas....
Le maire recherche à l'arrière du pick-up, il ressort du cageot un paquet de pâtes et un morceau de viande qu'il donne à l'enfant, elle reste là, sans bouger à admirer ce cadeau, je fais une photo qui restera à jamais dans mon coeur.......
Pendant notre séjour, nous apprendrons que les criquets pélerins sont passés 4 fois en 2004 et qu'ils ont causé des dégâts considérables aux pâturages sur leur passage.
Les mois qui suivront n'arrangeront rien, la pluie ne venant pas, les bergers et leurs animaux souffriront terriblement et bientôt les bêtes mortes se compteront par dizaines.
Le comité des jumelages décidera alors de lancer un appel aux dons et une campagne d'affichage dans la ville de St Jean, cette photo servira de support à l'affiche, les dons s'élèveront à 7000€ environ, immédiatement reversés au comité malien qui pourra acheter des céréales, transporter de l'eau et ainsi sauver quelques troupeaux.
Quand je regarde cette photo, je comprends rétrospectivement ce que je n'avais pas compris sur l'instant, je regarde cette fillette tenant dans ses mains le repas de sa famille pour un jour ou deux et je me dis, quelle chance nous avons de vivre en France!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tu sais nous faire partager ta passion pour ce peuple robuste et courageux ; tes mots sont emplis d'un pouvoir hypnotisant qui nous captive jusqu'au fond du coeur. Je ne peux que m'émerveiller devant la splendeur de ces contrées lointaines que tes photos mettent en valeur. L'histoire de cette enfant m'a touché profondément. Je suivrai ton blog sans retenue et je te félicite pour ce bon travail.